Survivre ( Décembre 2018 )
Saint Martin de Ré, entravés de fers qui gênent leur marche, affublés de vêtements en grosse laine trop larges, on dirait des adolescents mal vêtus au teint blafard. Un à un ils montent à bord des prisons flottantes, « Le Martinière » ou « La Loire » qui les emmèneront loin de la Mère Patrie. Quels horribles crimes ces femmes et ces hommes ont-ils commis pour se retrouver à jamais bannis de la Société ?
Pour la majeure partie d’entre eux, ce voyage au-delà de l’Atlantique sera leur dernier voyage. Pour ceux, coupables ou non, qui échappaient à la guillotine en métropole, la Guyane était un aller simple.
Exilés, rejetés, exclus, relégués, transportés, parias, tatoués, bandits, meurtriers, innocents, ils sont 70 000 qui entre 1852 et 1938 ont subi leur peine ou sont morts dans un univers pénitentiaire impitoyable, même pour les plus forts.
Le gouvernement français par sa seule volonté d’exclure les « indésirables », a créé dans l’utopie du «Rachat par les travaux forcés» une institution où la seule porte de sortie était la relégation ou la mort lente et programmée.
En plus des meurtres, des maladies tropicales, de la folie, de la lèpre et des accidents venait s’ajouter la malnutrition. Les rations calculées sur le papier par les technocrates de l’administration pénitentiaire ne correspondaient pas à la dure réalité.
A la mortalité effroyable ajoutons la corruption qui gangrénait les bagnes du plus petit malfrat jusqu’aux plus hautes autorités pénitentiaires.
Pour le Bagnard, malgré les dangers de la forêt ou de la mer, une seule idée l’obsède, survivre pour se faire «la belle».
Givry 1er décembre 2018
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