Le journal de Gérard

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Oyapock (Brésil)

Décembre 2011, Saint Georges de l’Oyapock, Guyane française, sept heures du matin, la brume et les vapeurs chaudes s’élèvent de l’Oyapock fleuve frontière entre le Brésil et la Guyane.

L’Oyapock prend toute sa splendeur dès le lever du soleil. Le fleuve est animé d’un incessant ballet des pirogues. Les coques profilées multicolores semblent être en suspension entre deux mondes. Mes pensées vont vers un film de Werner Herzog «Fitzcarraldo» et vers cette Amazonie grande pourvoyeuse de chimères et qui ne s’apprécie que dans sa démesure.

Notre piroguier brésilien «Numere treze» nous fait embarquer; nous atteindrons la petite ville d’Oyapock au Brésil en 15 minutes et 4 euros.

Nous passons sous le pont qui enjambe le fleuve Oyapock. Un «pont trop loin» qui unit la France et le Brésil et qui ne sert à rien. Ce pont censé rapprocher le Brésil et la France appartient à ces constructions ou ces conquêtes aussi indispensables qu’inutiles. Côté brésilien, le retard s’accumule. Le premier coup de pelle a été donné dans les années 40. Plus de soixante-dix ans de travaux, ce doit être le plus long chantier du monde. Aujourd’hui, il reste 200 km de piste à goudronner pour rejoindre Macapa la capitale de l'Amapa à Oyapock.

La Cidade brasileira d’Oyapock est située dans l'état de l’Amapa aux confins du Brésil. C’est une ville où convergent toutes les misères et tous les espoirs. Elle est un passage obligatoire vers un Eldorado chimérique pour, les chercheurs d’or, les prostituées, les hors-la-loi en délicatesse avec les autorités ou les laissés pour compte en quête d’une vie meilleure en Guyane.

Oyapock est une ville moyenne avec des rues en latérite. Elle n’est pas très belle mais c’est surtout un lieu d’achats frontalier où tout se vend et tout s’achète. L’ambiance Brésilienne y règne partout, la musique à fond et les odeurs de brochettes grillées arrosées avec de la bière ou de la Cachaça, sont présentes dans toutes les rues.

Sur le trottoir d’une rue de latérite en travaux permanents et qui ne sera jamais terminée, «um mecânico de fortuna» armé d’un outillage précaire fait une réparation sommaire sur son 4x4. La pompe à eau de son pick-up a été endommagée sur une roche dépassant de la route. J’imagine le problème à Paris si, dans mon beau 4x4 j’avais touché un trottoir sur les Champs Élysées; expert, garage, immobilisation, facturation, prêt à la banque pour payer les réparations. Ici çà se règle en dix minutes, pour 15 Réal (6 Euros). 

L’Oyapock, c’est aussi un fleuve redoutable et magnifique avec des sauts successifs d’une beauté à couper le souffle où des singes et des oiseaux d'un été permanent s'amusent dans les branches et les lianes des immenses arbres dressés vers le ciel. Autour de notre pirogue c’est l’eau et la forêt à perte de vue et quand la pluie tropicale s’invite, c’est la fin du monde dans le décor grandiose du saut Maripa.

Jamais de ma vie je ne verrais des fleuves aussi beaux que ceux de l’Amazonie, aussi grands, aussi sauvages. Ils coulent lourdement, riches en alluvions. Les arcs en ciel relient les rives au-dessus des sauts bouillonnants. Les bouquets de bambous ploient sous leur poids semblant faire la révérence aux pirogues lourdement chargées. Quand le soleil descend sur la forêt, le fleuve continue à scintiller. Les esprits de la forêt parlent avec le vent et les arbres. La nuit descend très vite, on ne se lasse de la splendeur qui nous est offerte. Je reste silencieux en songeant.

 



17/07/2024
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